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Article • Rennes • Maritime • 30 October 2019

Innovation maritime : une aile aspirée porteuse d’économies

Le CRAIN - Centre de Recherche pour l’Architecture et l’Industrie Nautiques – prépare la commercialisation de son innovation Suction Wing. Il s'agit d'une aile aspirée qui pourrait équiper des premiers bateaux dès 2021. Le marché visé est de l’ordre de 6 000 unités. 

Décidément, le Grand Ouest n’en finit pas de produire des solutions innovations dans le domaine de la propulsion éolienne. La dernière en date, mais pas forcément la plus récente puisqu’elle a nécessité une dizaine d’années de travail préparatoire, est à mettre au crédit du CRAIN- Centre de Recherche pour l’Architecture et l’Industrie Nautiques. Celui-ci a conçu un prototype d’aile aspirée qui a été testé sur le port de La Rochelle. 

D’une hauteur de 7,50 mètres, cette aile a été posée sur une balance dynanométrique afin de lui permettre de déterminer la propulsion en fonction de la vitesse du vent. Les résultats enregistrés ont été conformes aux essais en soufflerie réalisés à Poitiers ainsi qu’aux calculs numériques. 

Intérêt accru depuis ces six derniers mois 

L’innovation est donc fin prête à être commercialisée d’autant que le courant d’intérêt auprès des acteurs du transport maritime dont les armateurs a brusquement crû au cours des six derniers mois. Un armateur à même prédit à Philippe Pallu de la Barrière, directeur du CRAIN, que "tous les navires disposeront d’une propulsion auxiliaire éolienne d’ici dix ans". Cela sera d’autant plus nécessaire que l’OMI (Organisation Maritime Internationale) ambitionne de réduire les émissions de gaz à effet de serre des navires d’au moins 50 % d’ici à 2050. 

Une nouvelle société va donc voir le jour pour commercialiser la Suction Wing, également désignée sous l’acronyme de SW. Il appartiendra, ensuite, à un partenaire industriel - idéalement situé dans le Grand Ouest - de produire les ailes aspirées. Celles-ci développeront une hauteur comprise entre 20 et 35 mètres.

Une durée de vie de 25 ans

Le coût d’acquisition de ces SW sera de l’ordre de 8 000 euros le m², une aile de 27 mètres de hauteur développant une surface de 120 m². Le retour sur investissement pour les armateurs s’équipant de cette nouvelle propulsion capable de générer une économie de consommation de carburant de 400 g à 600 g de fuel lourd à l'heure par m² installé devrait être de l’ordre de 5 à 10 ans, la durée de vie de l’équipement étant de 25 ans environ.

Cette technologie permettant de réaliser des gains à deux chiffres sur la consommation de carburant des très gros bateaux (pétroliers, méthaniers, vraquiers, etc) et des économies comprises entre 5 200 et 7 800 tonnes de CO2, 44 à 66 tonnes de SOx et 60 à 90 tonnes de NOx sera adaptée à des navires débutant à 60 000 tonnes et pouvant aller jusqu’à 350 000 tonnes. Elle pourra être installée sur des bateaux neufs ou en rétrofit sur des navires existants. Dépendant de la taille du bateau, le nombre d’ailes pourrait varier de 4 à 6. 

Un marché mondial de 6 000 navires 

Le premier modèle pourrait au mieux être produit au cours du deuxième semestre 2020. Entièrement automatisable et ne nécessitant pas la présence de techniciens à bord, il équiperait un bateau existant qui pourrait, dès lors, utiliser la propulsion vélique, même avec un vent de face, dès 2021.

Pour les bateaux neufs, l’installation est prévue en 2022/2023, les premiers contrats étant attendus dès l’année prochaine. "Un affréteur de carburant se montre très intéressé par notre produit. Il pourrait équiper un bateau prochainement en construction", se réjouit, sur ce point, le dirigeant. 
Le CRAIN et la nouvelle société qui va nécessiter une levée de fonds vont s’ouvrir un marché mondial estimé à 6 000 unités. Cela pourrait, ainsi, générer une activité de l’ordre de 100 millions d’euros par an d’ici 10 ans. 

Quand le commandant Cousteau faisait office de pionnier

Invention 100 % française, l’aile développée par le CRAIN s’inspire de celle mise en oeuvre sur l’Alcyone du commandant Cousteau dans les années 1980. Elle fonctionnait selon le même principe mais de sérieuses évolutions lui ont été apportées. S’exprimant sur le sujet, Philippe Pallu de la Barrière, lui-même aérodynamicien, souligne que "l’invention déployée pour l’Alcyone est restée un certain temps en stand-by après l’absorption des chocs pétroliers et à une époque où la décarbonation du transport maritime n’était pas encore à l’ordre du jour". Avant de conclure en indiquant que "j’ai toujours pensé que l’intérêt pour la propulsion éolienne auxiliaire des navires de commerce allait rejaillir." 

source :actus-Transport-Logistique.fr