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Article • Bureau exécutif • Divers • 16 July 2019

Grand Paris : moins d’une ville sur deux s’engage contre les véhicules polluants

Ils s'y engagent : 34 maires de la métropole du Grand Paris, situées dans le périmètre de l'A86, contactés par nos soins, affirment à ce jour qu'ils prendront bien l'arrêté pour donner le feu vert à la mise en place la ZFE interdisant les véhicules les plus polluants sur leur territoire (*) .

Trente-quatre sur 78 au total (Paris mis à part), à mettre en vis-à-vis des 25 contre (dont deux hors métropole) et 19 qui hésitent encore… Un verre à moitié vide ou à moitié plein selon le point de vue adopté.

 

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«Il faut arrêter avec l'écologie punitive»

Les sceptiques et les critiques, qui reprochent tour à tour à la métropole et à l'Etat de faire de « l'anti-bagnole » sans s'attaquer aux vrais problèmes tels que la pauvreté, le logement ou l'amélioration des transports en commun en Ile-de-France, jugeront ce premier bilan négatif.

Pour ces derniers, à moins de deux mois de l'entrée en vigueur de la ZFE métropolitaine, dès le 1er juillet 2019, le faible taux d'adhésion serait révélateur d'une décision prise dans la précipitation, sans tenir compte du contexte social. « On nous dit qu'on va accompagner les personnes les plus en difficulté. Mais qui ? Avec quel budget ? », réagit Eric Berdoati, maire LR de Saint-Cloud (92), « Aujourd'hui si j'ai bien compris, il y aurait de quoi aider 1 200 conducteurs sur toute la métropole. Qu'est ce qu'on va faire ? Verser l'aide aux 1 200 premiers à se présenter ? Il faut arrêter avec l'écologie punitive. N'oublions pas que la manifestation des Gilets jaunes du 17 novembre était liée à la taxe sur les carburants ».

Idem pour Stéphanie Daumin, maire PC de Chevilly-Larue qui précise : « Je suis favorable à la ZFE, mais contre les conditions de sa mise en oeuvre. Je ne signerai l'arrêté que lorqu'on aura une idée plus précise de qui est concerné car les chiffres dont nous disposons ne sont pas crédibles ».

Dix-neuf maires hésitent encore

Les optimistes et les défenseurs de la ZFE affirment, eux, en revanche, à l'image de Patrick Ollier, le président LR de la métropole, que les 34 avis positifs représentent déjà une victoire. Un résultat d'autant plus encourageant qu'une bonne part des élus, soit 19 communes au total, hésiterait encore. Ils réclament, eux aussi des mesures d'accompagnement. Comme le maire PC de Montreuil (93), qui, avant de se prononcer, demande, dans un courrier envoyé à la MGP « des clarifications sur le nombre exact de véhicules concernés », des aides « au bon niveau financier », mais aussi « le renforcement de certaines lignes de bus ». Pas si éloigné en fait des conditions de plusieurs élus qui, à l'image d'Emmanuel Aeschlimann, le maire LR d'Asnières (92), s'engagent d'ores et déjà à voter l'application de la ZFE, mais « sous réserve d'aides suffisantes de la région et de l'Etat ».

 

Pantin, le 18 avril. Panneau d’information sur la future ZFE zone à faibles émissions. LP/Hélène Haus

Pantin, le 18 avril. Panneau d’information sur la future ZFE zone à faibles émissions. LP/Hélène Haus  

Les élections municipales en ligne de mire

Inutile de se leurrer toutefois, la plupart ont aussi en ligne de mire les élections municipales de 2020. Une proportion non négligeable de leur électorat, notamment dans les villes les moins aisées où se trouvent la majorité des propriétaires de vieux diesel, verrait d'un mauvais oeil une mesure qui lui coûterait cher. Tandis, qu'une autre partie de ces électeurs ne comprendrait pas que l'on ne se mobilise pas pour faire baisser la pollution de l'air et sauvegarder la santé des plus fragiles, notamment les enfants. Mieux vaudrait donc temporiser pour ne fâcher personne…

Et ça tombe bien, puisque Patrick Ollier, qui dit se refuser à pratiquer une écologie de la contrainte, s'est donné deux ans pour faire pencher les indécis du « bon côté ». Deux ans pour sensibiliser les habitants et les aider à changer de véhicule, période durant laquelle aucune contravention ne sera délivrée. Les PV n'arriveront qu'en 2021, année de l'extension de l'interdiction aux véhicules Crit'air 4 (**), en même temps que la capitale. Après les élections municipales donc.

* A partir du 1er juillet 2019, les véhicules Crit'Air 5, c'est à dire tous les véhicules diesel immatriculés avant le 31 décembre 2000, auxquels s'ajoutent les véhicules essence et diesel d'avant 1996, seront interdits de circuler au sein de la ZFE.

Source : Le parisien