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Article • Paris Nord • Actualité • 22 September 2016

Le Conseil Jeunes rencontre Pierre KHOURY - Président de SHIPPEO

interview de Pierre Khoury - Président et co-fondateur de SHIPPEO 

Shippeo est le premier outil de tracking en temps réel sur mobile pour le transport routier de marchandises. 

 

Quelle est votre vision de l’évolution du transport et de la logistique à horizon 2020 ?

Les métiers du transport et les métiers de la logistique vont beaucoup évoluer dans les années à venir, tirés par les attentes des consommateurs finaux et donc des chargeurs. Nous allons vers une Supply Chain « collaborative » et digitale.

Deux phénomènes poussent à cette tendance : la conjoncture économique, et le besoin de temps-réel.

En Europe, l’activité économique ne délivre pas de croissance du PIB, et il est difficile d’utiliser le levier de la croissance pour générer une hausse de la rentabilité pour les chargeurs et les transporteurs.

Ainsi la seule façon de générer une rentabilité supérieure est une démarche collaborative : les différents acteurs de la Supply Chain seront amenés dans le futur à se rapprocher, à communiquer, et à mieux collaborer pour réduire les sources de perte de productivité et les dépenses inutiles.

Les années à venir verront l’émergence de nombreuses innovations dans le tracking en temps-réel, car le marché du transport est tiré par le besoin d’offrir un maximum de transparence des données et une visibilité temps-réel pour le consommateur final ou l’industriel, qui attend ses colis, ses palettes, ou son lot.

Dans la mise en œuvre, la question qu’il faut se poser est « comment ajouter du digital, tout en conservant l’intelligence métier et la valeur ajoutée humaine ? ». Nous sommes au cœur d’une activité qui contient une part importante d’humain qui doit être préservée pour que cela fonctionne correctement. La mise en place d’innovations dans les métiers du transport est donc complexe, car la place de l’opérationnel et des habitudes est importante.

Dans ce contexte, pour percer et se développer, les innovations doivent s’appuyer sur plusieurs piliers.

Tout d’abord, les innovations doivent profiter à tous les acteurs, car le marché du transport est un marché horizontal, et non pas vertical : tout le monde a besoin de tout le monde : les petits transporteurs ont besoin des plus grands acteurs, et inversement. Les plus grands logisticiens et les chargeurs ont besoin de capacités disponibles chez les transporteurs. Les évolutions possibles et proposées par les sociétés technologiques innovantes doivent donc profiter à chacun de ces acteurs.

Deuxième point, cette démarche collaborative ne peut exister qu’en s’appuyant sur des solutions digitales. Par digitalisation il faut comprendre la transmission en temps réel, et entre acteurs, d’un maximum de données à travers des interfaces simples comme un smartphone ou une page web. Cela est un enjeu important du management depuis toujours : comment rendre simple des problématiques complexes ?

Enfin, dans le transport, la digitalisation est délicate car cela demande beaucoup d’itérations et d’agilité de la part des éditeurs technologiques. Pour répondre avec pertinence aux problématiques opérationnelles, il faut être à l’écoute des différents acteurs et déterminer un « point de douleur » commun qui peut être amélioré pour le bénéfice de tous. Chez Shippeo, notre activité s’appuie donc fortement sur une logique de « partenariat » avec nos clients, ce qui nous permet de travailler et de construire des solutions ensemble, et de répondre aux problématiques opérationnelles le plus efficacement possible.

La mise en place de processus innovants est donc complexe et prend du temps. Ainsi, nous pensons que les acteurs technologiques doivent se concentrer sur une problématique à la fois, et ne pas chercher à offrir une trop large palette de solutions. Cette démarche ciblée a été à l’origine de plusieurs sociétés de grande renommée telles que PayPal ou Tesla, qui ont su concentrer leur savoir-faire sur un unique produit, et sur un petit nombre de clients. Ceci leur a permis de développer de la meilleure façon possible un outil, un produit ou une expertise particulière.

Ainsi, nous pensons que le meilleur moyen pour les transporteurs de préparer l’avenir est de développer de vrais partenariats avec des sociétés technologiques innovantes pour commencer à construire des organisations digitales et collaboratives. Ils en tireront grandement les fruits dans les années à venir.

 

Comment voyez-vous l’évolution de la formation ?

Un grand nombre de métiers vont voir le jour dans les décennies à venir et d’autres vont disparaitre. A titre d’exemple, dans le marketing, le métier de « community manager » n’existait pas il y a 10 ans. De même dans la logistique, « pilote de drone » sera probablement un métier de demain.

Les métiers devenant de plus en plus pointus, il faudrait idéalement que les écoles développent des spécialités de niche avec des expertises pointues. Par exemple, avoir une formation qui propose une spécialité « Digital Supply Chain » répondra à mon sens à une demande future du marché.

Enfin, je pense que le secteur va évoluer vers plus de diversité des parcours. Par exemple, certaines sociétés de transport routier recrutent davantage de profils atypiques et complémentaires, afin de faire émerger des nouvelles opportunités de croissance. Certaines sociétés recrutent des étudiants tout droit sortis d’écoles d’ingénieurs pour des postes opérationnels et tactiques, chose qui n’était pas commune auparavant. D’autre sociétés recrutent des étudiants ayant un profil plus commerce que transport afin d’aller chercher de nouveaux marchés.

 

Selon vous quelles suggestions et quelles actions pouvez-vous proposer à l’AETL pour s’inscrire encore plus dans cette dynamique ?

Le transport et la logistique sont des secteurs trop méconnus, et je pense que l’AETL a un rôle important à jouer pour valoriser ces métiers.

Il faut mettre en évidence les nombreux recrutements que le transport et la logistique offrent, et le dynamisme de la filière qui permet de nombreux débouchés. Pour les entreprises, c’est l’opportunité de pouvoir attirer des personnes d’écoles de commerce ou d’informatique qui ne pensent pas naturellement à ce milieu souvent méconnu.

Je n’imaginais pas moi-même à quel point les problématiques du secteur étaient profondes et intéressantes : lorsque nous avons lancé Shippeo nous pensions terminer l’application mobile en quelques semaines. Deux ans après nous continuons de la développer et avons des pistes d’évolutions pour plusieurs années encore !

Continuer à moderniser l’image de nos métiers, dynamiser et orienter la jeunesse, sont à mon sens des sujets importants qui doivent faire partie de la dynamique que l’AETL soutien.

 

Réalisé par le 12 juillet par Brice PACHECO & Pierre-Hubert TRUPHEMUS

https://www.shippeo.com/