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Article • Paris Nord • Actualité • 25 July 2016

Rencontre Fabrice DALLA-MUTA - Directeur Supply Chain Europe BOLLORE Logistics

Diplômé en Supply Chain (ISLI – KEDGE Business School), sa carrière débute chez BIC pendant 8 années où il occupe le poste de Responsable Supply Chain Europe. Il travaille ensuite dans le conseil en Supply Chain au sein de 2 cabinets, d’abord chez Newton Vaureal Consulting puis ensuite chez Capgemini Consulting avant d’être nommé en mars 2015, Directeur Supply Chain Europe chez Bolloré Logistics.

1-    Quelle est votre vision de l’évolution du Transport et de la Logistique à horizon 2020 ?

Mes connaissances de la chaine globale logistique me permettent de tirer quelques conclusions quant à l’évolution de ces activités (Transport et Logistique) pour les années à venir. Dans un contexte de mondialisation des flux, le transport routier de marchandises est un maillon de l’offre globale, en amont et en aval des différentes prestations de transport international, maritime ou aérien.

Le marché du TRM est très concurrentiel et souffre parfois de retard en termes d’innovation… Le transport et la logistique ont clairement un train de retard par rapport à d’autres secteurs comme la banque, les médias, etc.  par exemple et ce phénomène se ressent dans les offres proposées par les transporteurs.

Je pense que le transporteur doit garder les fondamentaux de son métier mais innover sur sa façon de faire et sur les technologies utilisées. L’offre évolue et les chargeurs ont besoin d’une offre globale Supply Chain. On parle de traçabilité, de suivi en temps réel, de gestion de stock, le transporteur devient donc un « intermédiaire » dans cette chaine globale. Les plus petits (de 1 à 15 salariés) n’ayant pas la capacité et la possibilité d’offrir un service global devront passer par les plus grands ou se différencier en proposant des offres à valeur ajoutée. Il est fort probable que les sous-traitance en cascade se développent et continuent à tirer les prix vers le bas.

Les prochaines années seront clairement dictées par une pression sur les coûts de transport pour les gros faiseurs tout en disposant de nouvelles technologies ! Les transporteurs doivent ainsi revoir leurs business model s’ils ne veulent pas être hors-jeu rapidement (exemple des taxis et de la tendance Uber). Cette façon de faire c’est la réalité et malheureusement les taxis ne pourront la contrer qu’en s’adaptant !

Je vais dire un dernier mot concernant mon opinion sur l’évolution des années à venir en prenant un exemple très clair de notre entité « Bolloré Logistic ». Etre proche, à l’écoute, disponible et flexible pour traduire au mieux les évolutions à venir de ses clients et ne pas être considéré comme un simple exécutant sans récurrence. La Supply du coté commissionnaire ou transporteur se traduit par de la contractualisation de solutions innovantes, globales, digitalisées, malgré la dure concurrence  chez les gros comme chez les plus petits. Il faut pour s’adapter au mieux et pour développer les solutions de digitalisation avec ses clients  capter le maximum de données et les exploiter par le biais d’algorithme par exemple pour pouvoir proposer les meilleures solutions de transport aux clients. Proposer une transparence des données avec des indicateurs pertinents de suivi d’activité et une qualité de prestation jusqu’à,  pourquoi pas,  prévoir à la place du client ses futures activités…

2-    Comment voyez-vous l’évolution de la formation ?

Je vais vous répondre d’une manière globale.

Chez Bolloré Logistics ou durant mes précédentes expériences professionnelles les profils que l’on pouvait recruter étaient plus ou moins les mêmes. Alors que les métiers de la Supply Chain évoluent il est logique que les écoles et formations proposées s’alignent face aux nouvelles attentes des professionnels, ce n’est pas tout à fait mon ressenti !

A l’heure où les métiers et les façons de faire évoluent,  les recrutements en Supply Chain ne sont plus les mêmes, nous aurions plutôt tendance à recruter des jeunes en alternance venant d’écoles d’ingénieur ou encore d’écoles de commerce qui n’ont pas toutes les connaissances du métier Je suis convaincu que les écoles doivent mettre l’innovation au cœur de leurs formations et pousser les étudiants à se familiariser à la technologie et à développer  la créativité. D’ailleurs certaines écoles proposent des masters spécialisés dans l’innovation, Dauphine par exemple.

Les entreprises ont besoin de profils capables de penser différemment et d’apporter une touche d’innovation.

Plusieurs sociétés ont bien compris cela et proposent désormais des Hackatons pour faire émerger de nouvelles idées et accélérer l’innovation.

En ce qui concerne Bolloré Logistics nous travaillons par exemple avec un incubateur pour développer de nouvelles idées avec l’appui de starts up.

3-    Selon vous quelles suggestions et quelles actions pouvez-vous proposer à l’AETL pour s’inscrire encore plus dans cette dynamique.

En synthèse, il faut développer l’alternance, ne pas se focaliser uniquement sur le transport mais aussi sur les métiers de la Supply Chain, intégrer une thématique sur l’innovation, participer par exemple à des hackatons pour se faire connaitre, développer des partenariats avec des entreprises, favoriser les recrutements…

interviewé par Pierre-Hubert TRUPHEMUS et Valentin CHERY