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Article • Paris Nord • Ressources Humaines / Recrutement • 29 October 2019

Ile-de-France : ces entreprises de taille moyenne misent sur leurs salariés pour recruter

Coincées entre start-ups et grands groupes, les entreprises de taille intermédiaire peinent à trouver des candidats. Au point de primer leurs employés pour qu’ils en attirent d’autres.

Eclipsées par les petits jeunes 2.0 et les mastodontes, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) tentent de sortir leur épingle du jeu pour attirer de nouvelles recrues.

« C'est une catégorie de l'Insee qui n'a rien de sexy, coincée entre les start-ups qui ont le vent en poupe et les grands groupes qui ont pignon sur rue », confirme Jean-Thomas Schmitt, directeur général d'Heppner, société de transport basée à Strabourg (Bas-Rhin) et implantée dans toute l'Ile-de-France.

Les caractéristiques de ce groupe de transports (3100 salariés et un chiffre d'affaires de 715 millions d'euros) lui ouvrent grand les portes de la catégorie ETI, réservée aux sociétés employant entre 250 et 4999 salariés, et dont le chiffre d'affaires n'excède pas 1,5 milliard d'euros.

Un «poumon économique» qui résiste aux crises

En Ile-de-France, on en dénombre plus de 1700, générant un chiffre d'affaires total de 400 milliards d'euros chaque année et regroupant 1,2 million de travailleurs. Derrière l'acronyme connu des seuls initiés se cacherait donc un « poumon économique parmi les plus résistants à la dernière crise », dixit un entrepreneur, qui brandit pour preuve la création de 100000 emplois dans la région depuis 2012.

Malgré ces chiffres clinquants, aussi présentes et performantes soient-elles, les ETI pâtissent d'un déficit d'image. Certaines s'en sortent très bien, comme Vente privée... mais qui connaît Septodont ? C'est pourtant le leader mondial de l'anesthésie dentaire, et une entreprise historique de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne)? Une confidentialité préjudiciable au moment de recruter.

Gonesse (Val-d’Oise). Trente emplois sont à pourvoir chez le groupe Manutan. LP/Thibault Chaffotte

Gonesse (Val-d’Oise). Trente emplois sont à pourvoir chez le groupe Manutan. LP/Thibault Chaffotte  

« Là, on a mis huit mois pour recruter un juriste, souffle Edouard Michel, directeur des ressources humaines chez Manutan, basé à Gonesse (Val-d'Oise). Au manque de main-d'œuvre qui peut affecter certains secteurs s'ajoute la problématique spécifique aux ETI : on parle très peu de nous. »

Alors on vend « l'aspect humain », qui les distinguerait des entreprises plus grandes. « Ce sont des boîtes où la prise de responsabilité et l'autonomie sont bien plus naturelles qu'ailleurs », assure Edouard Michel. Une vision partagée par Jean-Thomas Schmitt : « On responsabilise nos collaborateurs, avec un circuit décisionnel très court et des perspectives d'évolution très rapide. »

Un effort qui ne suffit pas à pourvoir l'ensemble des postes ouverts. Chez Manutan, distributeur d'achats non stratégiques (papeterie, mobilier…) pour des entreprises et collectivités, près de 30 emplois cherchent toujours preneurs.

Faire des salariés des «ambassadeurs»

En pleine croissance, le groupe de BTP GCC, dont le siège est implanté aux Mureaux (Yvelines), s'enrichit, lui, de 350 nouveaux salariés chaque année. Pour dénicher et convaincre ces oiseaux rares, toutes les ETI interrogées misent sur les personnes… déjà embauchées.

« Ceux qui travaillent ici sont le mieux placés pour vendre notre entreprise, explique Jacques Marcel, président du directoire de GCC. C'est un excellent moyen de recrutement, celui qui compte le moins d'échecs. »

Et pour convaincre leurs collaborateurs de jouer les « ambassadeurs », certains ont inséré une clause de cooptation, promettant une prime à qui parviendrait à faire signer un futur collègue.

Des points et cadeaux pour les rabatteurs

« C'est le meilleur cabinet de recrutement, salue Laurence Dubois. Le collaborateur satisfait de son entreprise en parlera à son réseau. Il sera la personne parfaite pour en séduire une autre. » Dans son entreprise, plus de 10% des recrutements se font sur cooptation, qui rapporte 550 euros au rabatteur par personne embauchée.

Chez Manutan, on met même à la disposition des travailleurs une plateforme numérique, accessible partout et récapitulant toutes les informations nécessaires à une bonne présentation de l'entreprise (secteur, postes à pourvoir…). « Comme ça, nos salariés peuvent sortir leur portable pendant un dîner entre amis pour en parler », justifie Edouard Michel.

Une compétition à qui présentera le mieux son entreprise qui a même son classement. A la clé ? Des « cadeaux » distribués aux meilleurs.

«Les ETI, grands oubliés des lois économiques»

« Les grands oubliés des lois économiques. » Le manque de notoriété des ETI, Gérard Messanvi l’a découvert aux contacts d’entrepreneurs. C’est pour ça qu’à 29 ans, cet ancien de Sciences-po a lancé avec une poignée d’autres le Club ETI Ile-de-France, en janvier 2018.

Objectif : « Mettre en avant auprès de la société civile et des pouvoirs publics » les fameuses entreprises de taille intermédiaire. Moins de deux ans après sa création, 80 sociétés y ont adhéré pour partager leurs « astuces » pour se faire entendre.« Certes, on n’aura jamais la force de frappe des plus grands groupes, mais les choses sont en train de changer », veut croire Gérard Messanvi.

Pour preuve : « On commence à être reçu dans les cabinets ministériels. » Mais à l’écouter, le chemin s’annonce encore long pour attirer les talents et pourvoir les postes vacants : « Nous sommes encore les grands oubliés, de la législation.

Source : Le Parisien.fr