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Article • Paris Nord • Actualité • 03 December 2016

Le Conseil Jeunes rencontre Philippe MANGEARD - Président-Fondateur de TK'Blue Agency

Questions à Philippe MANGEARD, ingénieur agronome et titulaire d'un DEA de gestion industrielle, créateur d'Entreprises industrielles et commerciales à connotation internationale forte depuis plus de vingt ans.

Il exerce actuellement notamment les fonctions de Président-fondateur (depuis 2007) du Cercle pour l'Optimodalité en Europe (association d'acteurs du transport de fret), Président-fondateur depuis 2007 d'Opticapital (Fonds de financement des transports innovants), Co-fondateur (depuis 2000) de Modalohr-SAS (Autoroutes ferroviaires, groupe Lohr) et Président-Fondateur de TK'Blue Agency depuis 2012.

 

1- Quelle est votre vision de l’évolution du Transport et de la Logistique à horizon 2020

« Enrichissement qualitatif » sera le mot approprié pour décrire l’évolution à attendre du transport et de la logistique.

Livrer une marchandise d’un point A à un point B selon les seules contraintes  d’horaires et de prix ne suffira plus. La « qualité » éco-environnementale sera aussi un facteur de choix essentiel dans la chaine de transport. L’ensemble de ses acteurs - chargeurs, transporteurs, commissionnaires – gérera en cohésion leurs opérations en respectant clairement leur Responsabilité Sociétale et Environnementale.  La planète et ses habitants ne peuvent plus supporter des acteurs irresponsables.

Que ce soit en terme de contrôle des émissions de CO2 et gaz à effet de serre, de particules, polluants et bruit, lutte contre le dumping social,  les Etats et surtout l’Europe prennent ces critères sociaux, sociétaux et environnementaux très au sérieux. Ils veulent assurer ainsi la  préservation du territoire et de ses citoyens (coût actuel de près de 700 milliards d’€ par an en Europe de l’Ouest).

Coté transporteurs, la RSE est souvent perçue comme une « punition » ; ceux-ci pourraient pourtant prendre en compte ces « contraintes » comme des atouts  et les utiliser comme force de différenciation.

Ils peuvent par exemple élaborer des plans de transport multimodaux, réduire la vitesse de pointe de leurs véhicules, intégrer des indicateurs de « calcul » de coûts d’externalités négatives pour équiper ou faire évoluer leur parc de véhicules.

Ceci renforcerait leur image de marque auprès de la population et des pouvoirs publics et, surtout, auprès des chargeurs ; ils pourront ainsi faire la différence et vendre leurs prestations de transport à meilleur prix tout en aidant à « l’image de marque écoresponsable» des chargeurs.

En conclusion, le monde du transport sera certes « bouleversé » mais surtout amélioré par la RSE ; ce sera son moteur du futur. Il y a de véritables opportunités de marché et d’emplois qui pourront permettre de contrecarrer la concurrence des transporteurs des « pays de l’Est » par du transport « valorisé » et respectant « le citoyen-consommateur ».

 

 2- Comment les formations doivent-elles évoluer avec la mondialisation des échanges et la digitalisation.

L’intégration de module environnemental et sociétal, l’ouverture au digital sont des aspects clés vers lesquels les formations doivent évoluer.

Prenons l’exemple d’un « conducteur » de camion : Un conducteur formé à l’« Eco-conduite » et à l’utilisation de géolocalisation, tracking, TMS  sera un chauffeur qui apportera 3 externalités positives :

  • Social avec le « progrès » apporté par la formation et donc un niveau de qualification et de technicité supérieure pour les conducteurs.
  • Sociétal : Une réduction des nuisances imposées aux citoyens consommateurs : Particules, bruit accidents.
  • Environnemental : Limitation des émissions de CO².

Les nouveaux acteurs du transport (Shippeo, Convargo, TK’Blue, éditeur de TMS, 4PL, 3PL,…) demandent de plus en plus de compétence pluridisciplinaire en terme de transport mais aussi technologique. Des étudiants formés et ayant cette culture digitale et environnementale seront donc plus aptes à répondre aux enjeux et postes de demain.

 3- Quelles suggestions pouvez-vous faire à l’AETL pour « coller aux besoins des 5 prochaines années.

Elle devrait être un acteur du vaste changement auquel nous assistons. Elle pourrait par exemple, une fois par an organiser des débats avec des sponsors pour à la fois se faire connaitre et surtout apporter aux jeunes et innovants nouveaux acteurs de la « chaine de transport » des échanges d’idées et une plus-value d’information pour l’ensemble de la profession.

Interview réalisé par Nabila YACHCHOU (Master II - Pôle Paris Alternance) et Saïf BOUHADDAD (Master I - Ecole Supérieure des Transports)