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Article • Paris Nord • Divers • 06 November 2016

Le Conseil Jeunes rencontre Raymond WOESSNER - Professeur de Géographie, Directeur du Master TLTE à la Sorbonne Paris IV

Questions au Directeur du Master II - Transport, Logistique, Territoire et Environnement.

Votre vision de l’évolution du Transport et de la Logistique à horizon 2020 ?

Deux hypothèses futures  s’offrent à nous :

  • Une crise économique qui comme celle de 2008 entrainera une récession de l’économie mondiale accompagnée  d’une surcapacité mondiale en terme de transport et donc un impact important sur nos plans de transport.
  • Un ralentissement de l’économie mondiale du fait que celle-ci était tirée par les pays émergents  entre autres  la Chine qui depuis quelques années perd de plus en plus de points de croissance.

De ces 2 constats nous devons étudier 2 modes de transport, celui dit :

  • Classique : Qui a de moins en moins d’avenir étant donné les contraintes environnementales et économiques.
  • Émergeant : Qui n’est, quantitativement,  pas optimal mais aura une évolution favorable.

Dans le contexte « hexagonal », un mode de transport pourrait tirer son épingle du jeu : le ferroviaire. Au vu de la privatisation progressive de ce secteur, on peut espérer, avec les avantages en termes de chargement et de réseau, voir une croissance de ce secteur. Cependant d’un point de vue à la fois géographique mais aussi économique à l’échelle de l’Europe, l’ouverture du tunnel du St Gothard en Suisse va renforcer la « banane bleue », et donc détrôner la France de son statut de « carrefour » routier. De ce fait nous tirons une question que les pouvoirs publics et privé devront se poser : comment concurrencer la Suisse (connectée sur les ports de la Rangée Nord et l’Italie du Nord) sur ce point et donc retrouver notre statut de point de passage européen ?

Nous devons aussi nous poser des questions sur les mesures réglementaires européennes ainsi que sur la volonté des villes comme Paris, Lyon qui ne veulent plus de diesel, mais tendent à aller de plus en plus vers du « transport vert ». Par exemple le Port de Londres qui est de plus en plus exploité avec le domaine fluvial, l’émergence de vélo-cargo dans le transport du colis ou la mise en place d’un plan de transport européen avec le « Blue corridor » qui entrainera l’apparition de camions et d’autocars en GNL.

En conclusion, entre mairie, Préfecture, État, Union européenne tout n’est qu’une volonté politique. Il est du ressort de celle-ci de se poser les questions pour à la fois répondre à des contraintes environnementales, urbaines et de transport, et ainsi de les transformer en opportunités.

 

Comment les formations doivent-elles évoluer avec la mondialisation des échanges et la digitalisation ?

Les formations doivent en premier lieu se tourner sur une composante essentielle dans le monde du transport : les langues. Du fait de la mondialisation et de la place importante des NTIC il est nécessaire de maitriser « l’anglais » qui est « la » langue des échanges commerciaux, entre autres entre l’Europe et l’Asie.

Deuxièmement, il est nécessaire aux étudiants ou salariés de se former au TMS et aux EDI car l’une des clés de la réussite future des entreprises sont les progiciels. Ces progiciels doivent être récents et polymorphes, de sorte qu’à chaque problématique rencontrée une application doit leur être dédiée pour mieux répondre aux attentes des parties prenantes : Client/Fournisseur/Entreprise. Ensuite, l’innovation qui est le moteur de l’économie de demain doit être au cœur des formations à venir pour mieux répondre à la digitalisation du monde économique et sociétal et donc créer de la valeur ajoutée pour les entreprises de transport.

 

Les Femmes dans la Supply Chain

L’évolution de notre société amène « le transport » à se diversifier en terme de diversité : qu’elle soit féminine, culturelle. De ce fait, il est nécessaire voire indispensable pour que le monde de la « supply chain » puisse  évoluer d’intégrer la « femme ». Elle doit rester « elle-même » car qui dit diversité dit « vision » différente du monde du transport. Selon le genre, le « stock » d’idées n’est pas le même et amène donc un apport de valeur ajoutée différent. Notre Master 2 « Sorbonne » a intégré cette composante en favorisant la parité des effectifs lors des admissions, en ouvrant vers des candidats étrangers venant de France ou de l’étranger, avec la volonté d’être un accompagnateur et surtout dans l’idée que « diversité égale richesse des idées ».

 

Quelles suggestions pouvez-vous faire à l’AETL pour « coller aux besoins des 5 prochaines années ?

L’AETL doit avoir pour rôle de communiquer une image positive du transport par exemple en effectuant des journées portes ouvertes à des collégiens ou des lycéens en y présentant celui-ci comme un secteur d’avenir, pourvoyeur d’emploi et surtout à l’heure de la digitalisation actuelle l’émergence de nouveaux métiers de plus en plus informatisés.

 

interview réalisé par Eva GUIDICELLI et Saïf BOUHADDAD