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Article • Bureau exécutif • Terrestre (Transport Routier) • 05 November 2019

La livraison sous 24 heures fait chuter les profits d’Amazon

La livraison sous 24 heures fait chuter les profits d’Amazon

VIDÉO - L’entreprise de Jeff Bezos doit investir massivement pour assurer des livraisons en moins d’une journée. Pour la première fois depuis deux ans, ses bénéfices trimestriels reculent.

Un employé d’Amazon dans l’un des entrepôts de la firme (illustration). PHILIPPE LOPEZ/AFP

Washington

Les profits d’Amazon au troisième trimestre sont victimes des investissements massifs du géant du commerce en ligne dans la logistique nécessaire afin de livrer les commandes de ses clients les plus loyaux en moins de 24 heures. Aussi, pour la première fois depuis deux ans, les bénéfices trimestriels d’Amazon reculent. Le repli de 26% par rapport au troisième trimestre 2018 fait retomber les profits à 2,13 milliards de dollars en dépit d’un gain de 24% du chiffre d’affaires de la firme de Seattle (État de Washington), à 70 milliards de dollars.

À chaud, les actionnaires d’Amazon ont manifesté leur déception. L’action a plongé de près de 7% sur le marché restreint en dehors des heures d’ouverture du Nasdaq. En outre, deux autres tendances les inquiètent. L’entreprise est tout d’abord moins optimiste que prévu pour le quatrième trimestre, période la plus importante en raison des fêtes de fin d’année. Elle vise entre 80 et 86,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires, au lieu des 87,4 anticipés par Wall Street. L’autre point délicat: la croissance folle du chiffre d’affaires d’AWS, la filiale d’Amazon dans les services informatiques sur le cloud, ralentit. La voilà tombée à 35% dans le contexte d’un chiffre d’affaires trimestriel qui atteint désormais 9 milliards de dollars.

Jeff Bezos, le patron et fondateur d’Amazon, n’a pas pour autant l’intention de changer de stratégie. Le défi de la livraison sous 24 heures représente le même type de pari qu’il avait fait il y a plusieurs années en misant sur la gratuité des frais de livraison pour tous les clients qui étaient prêts à payer une somme annuelle forfaitaire. Pour gagner ce pari, il faut non seulement multiplier les centres de distribution et de stockage, mais aussi les circuits de livraison par camionnettes et embaucher des milliers de personnes.

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On mesure l’énormité de ces efforts à l’envolée des dépenses d’exploitation d’Amazon: le gain au cours du dernier trimestre est de 26%. Les dépenses liées aux livraisons de produits décollent pour leur part de 46% pour atteindre près de 10 milliards de dollars. Fidèle aux pratiques qui ont fait son succès, Amazon sacrifie ses profits à court terme pour améliorer la rapidité de son service, ce qui, à terme, est censé accélérer ses ventes. Jeff Bezos a en effet remarqué que les clients qui sont servis le plus vite sont précisément ceux qui vont commander ensuite de plus en plus d’articles.

L’autre raison du pari coûteux de la livraison express tient à l’émergence de rivaux très riches et très puissants. Walmart, leader de la distribution traditionnelle à bas prix, voit depuis quelques trimestres ses ventes en ligne grimper de près de 40%. Il propose déjà, sans abonnement, la livraison des commandes en 48 heures. Amazon ne peut pas rester les bras croisés. Target, autre géant traditionnel de la distribution, a lui aussi mis au point une infrastructure pour répondre à la demande de clients qui préfèrent faire leur shopping sur Internet. Les ventes en ligne de la chaîne de Minneapolis grimpent elles aussi à un rythme de plus de 30%.

Dans cette nouvelle guerre, les Walmart, Target et consorts disposent en outre d’un avantage sur Amazon: leur présence physique dans des milliers de centres commerciaux qui donnent aux clients l’option d’aller chercher très vite leur commande au comptoir. Target compte par exemple plus de 1870 grandes surfaces aux États-Unis, tandis que Walmart en détient plus de 4760. 90% des Américains vivent dans un rayon de 24 kilomètres d’un magasin Walmart. Si Amazon ne continue pas d’offrir un service de livraison supérieur à la concurrence, sa croissance à venir serait remise en question.

Source : Le figaro.fr