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Article • Bureau exécutif • Actualité • 15 April 2020

Florence Berthelot : « sans appui au secteur, les entreprises ne tiendront pas »

 

Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR fait le point sur les répercussions de la crise sur le secteur du TRM. Elle demande des mesures concrètes de la part du gouvernement pour soutenir la profession. 

Transport Info : 86% de vos adhérents ont connu une baisse d’activité liée à la crise sanitaire. Comment les aider à traverser cet épisode ?
Florence Berthelot : Nous sommes confrontés à une situation tout à fait paradoxale. Certains professionnels sont sous tension, avec des équipes exsangues, pour absorber les besoins en produits de première nécessité des 67 millions de Français. D’autres, bien plus nombreux, manquent cruellement d’activité depuis le début du confinement. Nous devons gérer cette situation disparate. Le secteur du transport a jusque-là fait preuve de courage et de responsabilité. Parmi nos conducteurs nous n’avons eu que peu d’absentéisme et les appels au droit de retrait lancé par certains syndicats ont été peu suivis. Les salariés font preuve de solidarité avec leurs employeurs pour passer ce cap difficile. Sans eux, la machine s’arrêterait, tout le monde en a conscience, mais on manque de reconnaissance pour le travail réalisé. Il est urgent qu’on prenne en compte le fait que les sociétés qui continuent de travailler accumulent des pertes, en raison d’importants surcoûts auxquels elles font face : retours à vide, coûts des heures supplémentaires du fait de l’extension des temps de conduite et du travail du dimanche et jours fériés, achats des produits sanitaires et de protection. Et comme le secteur a de faibles marges, il ne peut supporter ces surcoûts. 

 

TI : Que faudrait-il obtenir pour éviter que les entreprises de transport ne s’enfoncent dans cette crise ?
FB : Nous ne comprendrions pas que la filière soit la seule à supporter les coûts supplémentaires que la crise génère sur la chaîne logistique. Nous demandons également davantage d’écoute des pouvoirs publics au niveau gouvernemental. Comment peut-on ignorer le maillon essentiel à l’économie que nous représentons ? Tout le monde a compris que, sans transport, rien ne pouvait fonctionner. Le gouvernement et l’ensemble des acteurs de la chaîne logistique doivent comprendre que, en l’absence d’appui au secteur, les entreprises ne tiendront pas, elles déposeront le bilan et ne pourront pas assurer la reprise d’après-crise. C’est le message qu’avec l’OTRE et l’Union TLF nous voulons faire passer. Et nous demandons pour les professionnels du transport et de la logistique : la mise en place d’une procédure efficace pour lutter contre les retards de paiements et délais de paiement abusifs ; l’anticipation du remboursement partiel de la TICPE ; la finalisation urgente des travaux en cours de mise en œuvre d’une carte d’achat de carburant taxé au taux du gazole professionnel ; et le report au 1er janvier 2022 de la diminution programmée de deux centimes par litre du remboursement partiel de TICPE sur le gazole professionnel. Nous allons continuer à mesurer l’impact de la crise sur les entreprises du secteur. Pour cela, nous avons renvoyé un questionnaire afin de mesurer ce qui se passe pour les transporteurs. 

TI : On entend dire que les prix dans les commerces ont augmenté parce que le prix du transport était en hausse. Qu’en est-il ?
FB : On a beaucoup parlé de certains transporteurs qui auraient pratiqué des hausses tarifaires au regard des surcoûts engendrés par la crise. La réalité est tout autre : la plupart de nos adhérents connaissent une pression à la baisse sur leurs prix alors que de nombreux transporteurs roulent à perte. Par ailleurs, il faut rappeler que le transport n’impacte que d’environ 3% le prix des produits en magasin. Même une hausse de 10% du prix de transport ne justifie pas une flambée des prix du produit final. 

Propos recueillis par Valérie Chrzavzez

Source :  https://www.transportinfo.fr/