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Article • Bureau exécutif • Transport Urbain • 11 May 2021

Le gouvernement lance un plan national pour développer les livraisons à vélo

 

La ministre de la Transition écologique a dévoilé ce 3 mai les mesures du plan national en faveur de la cyclo-logistique qui vise à développer le recours à la livraison par vélo à assistance électrique. Objectif mis en avant par le gouvernement : diminuer l'impact environnemental du transport de marchandises, notamment en ville. Le plan prévoit notamment un dispositif financé par les certificats d'économies d'énergie pour réduire l'écart de coût d’une livraison à vélo par rapport à celle réalisée par un véhicule thermique, l’élargissement de la prime à la conversion aux vélos à assistance électrique et le renforcement du bonus pour les vélos cargos. Les collectivités sont aussi invitées à recourir davantage à ce mode de transport pour la livraison de leurs plis et colis. Autre enjeu : faciliter la mise à disposition de locaux pour les hubs logistiques vélo.

En déplacement à Marseille ce 3 mai, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a dévoilé le nouveau plan national en faveur de la cyclologistique destiné à développer  le recours à la livraison par vélo à assistance électrique, mode décarboné par excellence. Car avec la crise sanitaire et l'essor du e-commerce et de la restauration livrée, le nombre de livraisons a littéralement explosé dans les villes françaises. L’ensemble des flux logistiques des entreprises vers les consommateurs représentent désormais 20% des flux de marchandises en ville, avec une croissance annuelle de 8 à 10%, selon le ministère de la Transition écologique, qui souligne aussi les impacts lourds du développement de la livraison en ville en termes de pollution de l’air. Ainsi, à Paris, si le transport de marchandises ne représente que 15 à 20% du trafic, il constitue 25% des émissions de CO2, 35 à 45% de celles d'oxydes d’azote et 45% des particules fines générées par le trafic routier.

Enjeu environnemental

Dans ce contexte, la cyclologistique permet de diminuer la part du transport de marchandises par les modes thermiques polluants, pour la livraison du/des dernier(s) kilomètres réalisés en milieu urbain. Ainsi un vélo cargo triporteur possédant une caisse de 1.500 L émet 85% de CO2 en moins par rapport à un véhicule thermique ayant une capacité similaire, rappelle le ministère. "En complément d’un mix de deux roues et van urbains électriques, la cyclologistique, peu consommatrice d’espace logistique urbain apporte une réponse particulièrement adaptée à la désoptimisation croissante de certains flux liée à l’essor des livraisons très rapides dans les zones urbaines denses", ajoute-t-il dans son dossier de présentation du plan.
Pour Barbara Pompili, la création de zones à faibles émissions dans toutes les villes de plus de 150.000 habitants prévue par le projet de loi Climat et Résilience constitue "un terreau fertile pour le développement de nouvelles activités vertueuses, comme la cyclologistique" et le nouveau plan est selon elle "un levier pour accompagner ce développement et un coup d’accélérateur pour transformer les modes de livraison en ville". Il s'inscrit aussi dans le contexte de l’élaboration d’une stratégie pour la logistique urbaine durable. Une mission à ce sujet a été confiée à Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique, Jean-Jacques Bolzan, adjoint au maire de Toulouse, président de la fédération des marchés de gros de France et à Anne-Marie Jean, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg. "Cette mission remettra ses recommandations concrètes de mesures tant au niveau national que de bonnes pratiques locales d’ici cet été", a précisé Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports.

Un plan en quatre axes

Quatre axes structurent le plan en faveur de la cyclologistique. Le premier vise à développer les activités de livraison à vélo, avec notamment le dispositif ColisActiv, un programme co-construit avec la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) et financé par les certificats d'économies d'énergie (CEE), qui permettra de financer jusqu’à deux euros par colis les livraisons par vélo cargo, 
Aujourd'hui 4 collectivités tests peuvent bénéficier de cette expérimentation en contrepartie d’un cofinancement du dispositif : les communautés urbaines d'Angers et de Reims ; l'établissement public territorial Paris-Est-Marne et Bois, le syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise (SMMAG). En juin prochain, toutes les villes ayant mis en place une ZFE ou qui en créent une en 2021 seront éligibles au dispositif sous réserve d’apporter un cofinancement.  Le Grand Paris, Lyon, Grenoble, Aix-Marseille, Montpellier, Nice, Rouen, Strasbourg, Toulon et Toulouse figurent parmi les villes éligibles. Une augmentation de l’enveloppe financière dédiée à ce dispositif sera étudiée d’ici fin 2021, assure le ministère. L’élargissement de la prime à la conversion aux vélos à assistance électrique et le renforcement du bonus pour les vélos cargos complètent les incitations.

Mobilisation des grands donneurs d'ordre

Le deuxième axe du plan consiste à "mobiliser les parties prenantes". Le gouvernement veut inciter les principaux donneurs d'ordre comme La Poste, UPS, DHL qui traitent plus de 90% des colis en France métropolitaine à orienter une part croissante de leurs flux vers des solutions vélos. L'exemple de La Poste est détaillé dans le dossier de présentation du plan. "L’objectif du Groupe La Poste est d’opérer par des solutions de cyclo-mobilité ses livraisons de colis en cœur de ville dans les 40 plus grandes villes de France, indique-t-il. C’est pourquoi la flotte logistique va se compléter d’ici 2025 de 1.000 vélos cargos de type triporteur ou de remorques à assistance électrique, permettant ainsi un emport plus important (1 m3 à 1,5 m3 ) : 370 vélos cargos à La Poste, 200 remorques assistées chez sa filiale URBY, près de 500 véhicules de l’un ou l’autre type via les autres entreprises du Groupe comme STUART ou les entreprises partenaires. Dès cette année, 70 vélos cargos vont compléter le dispositif dont sont déjà dotées certaines villes comme Paris, Bordeaux ou Strasbourg." L'Etat et les collectivités qui sont d’importants consommateurs de plis et de colis, peuvent aussi "fortement favoriser l’essor des livraisons à vélo" à travers les marchés publics, est-il souligné dans le dossier de présentation du plan.

Besoin de locaux adaptés

Pour faciliter la cyclologistique en ville, il est aussi nécessaire de disposer de locaux permettant notamment d’organiser le tri et la distribution des colis entre coursiers. Le ministère cite l'exemple de l’établissement public foncier Provence-Alpes-Côte d’Azur qui a permis en novembre 2020 à la structure associative "Synchronicity", qui est un acteur central de la cyclo-logistique à Marseille, de s’installer sur un bâtiment dans l’attente d’un projet. Cette installation s’appuie sur une convention d’occupation précaire qui permet d’utiliser de vastes locaux vacants en cœur de ville. Les établissements publics fonciers et les établissements publics d’aménagement, sous tutelle du ministère de la Transition écologique, qui travaillent pour le compte des collectivités locales ont ainsi été mobilisés pour favoriser la mise à disposition de locaux vacants en cœur de ville pour accueillir des activités de cyclo-logistique. Le guide européen "A Guide to Planning Cyclelogistics Hubs" donne aux collectivités locales les clés pour mettre en œuvre des hubs cyclo-logistique adaptés aux contraintes des acteurs de la profession. L’Ademe va proposer une version de ce guide adaptée au contexte français d’ici la fin 2021.
Enfin, le plan compte développer l’innovation urbaine et l’open data. Il compte notamment soutenir les démarches permettant de générer une connaissance fine et en temps réel des infrastructures vélo dédiées à la cyclologistique. Les vélos cargos peuvent ainsi être utilisés comme support pour différents types de capteurs, à l'exemple du projet Diams (Digital alliance for Marseille sustainability) porté par ATMO Sud et financé par l’Union européenne et la Métropole d’Aix-Marseille. Il développe des micro capteurs qui analysent la qualité de l’air. Ces capteurs sont embarqués sur les vélos cargos des coursiers marseillais et permettent de générer une cartographie très fine des concentrations de polluants atmosphériques. Autre exemple : l’appel à projets AVELO 2 de l’Ademe qui aide les collectivités locales à se doter de schémas directeurs cyclables, à expérimenter des services vélos ou à communiquer auprès du grand public. Les projets incluant le développement de la cyclologistique seront encouragés (schéma directeur incluant stationnements adaptés vélo cargo et hub de cyclologistique, services de location longue durée de vélo incluant des vélos cargos à destination des entreprises, campagne de communication sur la cyclologistique…).

Source : www.banquedesterritoires.fr